écrire

c'est un jour sans . un jour où je sais- ça me ferre à la gorge- que si j'écris comme je respire je ne respire pas comme j'écris. je peine à vivre, je suis médiocre  vive. parfois même il me semble que si je parvenais à finir une journée sans avoir mis un mot sur la page, ce serait, peut-être cette fois-là, un hymne,  un chant que la vie pourrait  entendre.  enfin sans aspérité, sans douleur, sans pic de température, un être parmi les êtres, un balancier, le parapluie du funambule,  mon adhésion au parti de l'existence.  quand j'y arrive,  jour rare, lissé, repassé, quand je peux le finir sans la moindre anicroche de vocabulaire, quand je réussis à tenir le regard assez loin de moi, de ma clôture, de ce contact hérissé avec l'air l'eau la terre le feu, quand je peux ne rien dire, ne rien écrire, alors je crois un instant, quelques minutes le plus souvent, que ça y est: je suis apte et de raison.