toile

jamais trop de couleurs, jamais assez de cette confusion, ce brassage, chaque toile entre dans la tête comme un mal lancinant avec ces doses anxyogènes, ces répétitions martelées. l'oeuvre est un couteau à berceau trempé dans les pâtes et les crèmes. pétrin de pigments et d'huile. la sauce acrylique. chaque coup d'oeil me cisaille, me broie, réduit mon être -mon âme?- en hachis de lumière. je le sens: mélange, implication, pénétration en continu. cette couleur malaxe tout ce que je suis, amalgame ma propre colère, ma douleur imparfaite, inestimable- tu ne sauras pas à quel point - il n'y a pas de distance. pas le plus petit chenal entre cette oeuvre et moi. non, ce n'est qu'un ensemble étiré. et quand je me détourne je ne sais qui d'elle ou de moi est la souche mère.  je ne suis peut-être que le phylactère mobile d'une bête énorme en prison dans un mur.