hammam

défilé de l'eau; entre les doigts poussent des idées, des sortes de vagues qui massent l'océan.

coulée de vases transparentes mais lourdes tout du long de la peau.

j'écoute la caresse. la reprise en coda du souffle et du soupir. j'écoute.

le corps rémoud ses galets. le calcaire, le schiste et le granit, collection de coups durs crispés à même l'os. et la main par-dessus vérifie que tout soit lisse et bien tendu.

visage contre le sol, cou à l'équerre, croisée des espaces sans vol, m'enfoncer dans les éponges. on marche net sur mes échelles. j'écoute encore, craquer, doucement à la plainte, mes barreaux. je monte vers l'horizon couché, reptation avec mue, ma trace sur l'aire des oiseaux.

il est temps de casser les coquilles, de briser le sort qui m'a faite caillou. j'écoute.

empreintes d'huiles et la peau profonde. un geste vers le centre buriné des particules.

pénétration, absorption. tout doit disparaître.

le mystère est en route sur des chameaux secrets. le hammam ouvre à huit heures.

j'écoute, la pratique humaine de l'unique caravane, de la main à la peau, de la peau à ma source, oasis fourbu du coeur de moi.