poematique expiraTOIre
de cette vie où j'étais boxeur, nègre dans un champ de coton,
où je frôlais la mort en même temps que les linceuls tissés des boules écloses
de cette vie dans laquelle je respirais par le cassé des cartilages avec un bruit qui faisait fuir les gamins
de la lourdeur effrayante de ma condition tandis que je trouvais légers des ballots immenses à charger jusqu'aux solives
du froid de mon regard sur le ring à ce feu dont je voulais brûler
de mes épaules fières
à mes genoux ployés sans fin à baiser vos souliers
de mes grognements de porc à l'attaque à ce flux de la source qui sortait de l'amour
j'ai tout gardé
je sais que j'ai tout gardé
j'ai changé d'espace bien sûr
de temps bien sûr
de vin
d'eau
et même de langue
mais pas cette vérité.
j'ai essayé cette fois mon côté blanc.
j'ai retourné ma vie sur doublure
mis le satin au soleil.
dedans je suis toujours au combat
suis toujours à ma soif de justice
à ma fureur adversaire.
je n'ai pas changé d'âme
et toi qui monteras bientôt entre mes cordes
tu verras bien sûr que je suis de ceux qui ont le poing levé, la fracassée dedans
car rien ne justifie la mise à ban de mon souffle
ni celui des coeurs purs.