poematique expiraTOIre
t'es vieux, ça se voit, tu ressembles à un ciel d'hiver quand il va vers la boue. je t'aime
t'es gris tout défait tu ne prends plus la peine de rassembler tes traits, tu les secoues au premier courant d'air. je t'aime
t'es morne, enfermé non livrable tout autour, avec de la palissade et du jardin secret, je t'aime
t'as pas grand chose à dire tu ne crois plus ou pas ou si peu. t'as plus qu'un placard de joie de vivre dans tes provisions, je t'aime
tu te fous de quasi tout, t'es sourd, t'es muet, t'es aveugle et le reste à la valse, je t'aime
tu ne sais pas , tu ne comprends pas tu n'imagines même pas, mais comment est-ce que je t'aime
t'es colère, fatigue, le haïku perdu sur la feuille du saule, je t'aime
mais tu rêves, tu joues, tu laisses venir, tu dors ouvert, tu chantes dedans, tu longes sans peine ta longue rivière, tu allumes, tu mets, tu brûles et tu retends la nuit, je t'aime
tu souffres, t'as l'âme en pièces, des déchirures, les épaules démises, l'ennui profond comme un limon de mer et le désir en ligne de tir
tu vis, alors je t'aime
je t'aime alors je je vis