brèves

pervertir l'éclat. scinder mes couleurs en tranches noires et blanches. simplifier mon rendez-vous avec le lumière parce qu'il va falloir... falloir poser avec de la nacre dans le miroir, poser d'un long, interminable bond mon cri dans tes cheveux.

aucune épousaille sacrée ne peut la tresse des âmes. aucune. on ne frotte pas le sang des frères dans des blessures ouvertes.ils ont le même rouge qui s'avale dans la salive.

ne veux me souvenir...de quoi? je suis une empreinte, une empreinte séculaire.

le silence est-il mon ennemi, toujours dressé devant moi qui ne suis qu'un caillou de résonance, soumise, soumise à la vibration des hommes et des violons?

brasse, pleines mains, le temps, l'espace. envoi de rage en l'air. le temps n'existe pas et que j'aie des traits imbéciles ou de vierge nette, sans auréole d'ombre, ne nous assure d'aucune disparition.

m'exempter des carcasses et des cartilages, sortir du cortex caverneux des crustacés, éclore nue ailleurs. ma vie est une rose cuite dans des fièvres de poète. je pourrais être si légère d'amour vêtue.

quitter la zone triste où je suis au pacage. la vie ne tient pas tant à moi qu'elle me laisse tant errer. quitter sans rupture, car c'est à cette aune de saignées que se ratent les voyages.

ma main dans une autre main n'est que le port d'attache des continents que je traîne dans ma chair. frôler ainsi le bord mouillé de mes légèretés, zeppelins de temps.

je m'accorde comme un violon. il faut patience,arme du musicien.  le seul abri que je garde est un son, quand le soir, le soleil me tombe dessus.

je rassemble ainsi dans l'accordéon jour,nuit et toutes les conjugaisons. à toi de savoir dans quel soufflet se joue le mot aimer

je le crois puissant, grand écart, bras ouverts, une expiration sans fin. il faut parfois rassembler très longuement les pages de l'instrument pour que jaillisse enfin ce mot.