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poematique expiraTOIre

arbre/le temps des merises

pelle-meca.jpgmon merisier apprivoisé est en train de mourir. il avait longtemps tenu à rester de la sauvagerie et de l'indomptable. il venait de la forêt et vivait l'exil même dans ma haie; c'était un immigré insoluble. il donnait ses fleurs, rapides, éphémères, en cachette presque, profitant pour cela de ce qu'il tournait le dos à la maison. parfois cette lumière printanière nous échappait; il perlait déjà de boutons verts, qu'on n'y avait rien vu. les merises étaient amères et serrées comme des noyaux d'olives.

puis étonnament,  il s'est mis à notre civilité ordinaire, grandit beaucoup et développa une énorme ramure, fière et splendide. il en vint à s'adoucir comme ces vieux corsaires au coeur tendre. ses fruits devinrent ronds et juteux. ho! pas de quoi  tenir une comparaison égalitaire avec des griottes ou ces dames cerises... non! ses billes demeuraient plus fines plus noires, mais si douces et si savoureuses. le merisier s'était donné  à ces humains qui l'avait déraciné un jour pour qu'il vive une existence d'ornement,  de parure, loin de son terrain naturel.

une pelle mécanique a été fichée dans le pré voisin. elle s'est mise à racler dur et profond la terre au pied de mon bel arbre. j'ai vu tout de suite son flanc jaunir et  sa cime s'effilocher en branches lasses. 

ce jour on terrasse encore. la pelle sectionnera ses racines jusqu'à la limite de la haie. où s'en ira-t-il alors si ce n'est vers sa fin?

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