poematique expiraTOIre
Remuer. Brassage de tout. Mes idées, le sang aussi. Touiller beaucoup, que rien ne coagule et s’arrête en caillots dans le trafic.
Remuer les bras, absolument, des moulins, des hélices des aéroplanes à tout vent. Besoin de sentir l’air venir. Bouger. Me bouger comme m’imposer des courbes et des virages dans mes textures psychorigides, monde sous contrôle qu’il faudrait faire valser.
Je tourne le kaléidoscope. Les perles s’agencent en étoiles, manifestation de l’agitation, couleurs éclats, images qui retapent mon bon vieux fond d’œil. Réfection des idées fixes en continu.
Remuer, faire sauter quelques verrous, des barrages ou simplement percer dans le mur un petit trou de souris. Pour sentir le vent, la lumière.
Je ne me souviens plus d’un goût de peau, d’une saveur piquante de joue, de l’effet vrai de mains sur ma taille. Ce ne sont plus que des mots, postés sur des espaces très blancs, des trucs de mémoire récalcitrante. Je sais dire que c’est doux, chaud ou haletant. Dire seulement. Rien d’autre. Les mots depuis trop longtemps n’ont plus baisé. Ils disent maintenant des choses qu’ils ne connaissent plus, qui sont tous des mensonges et des pelures, une apparence ectoplasmique d’un orgasme en chemise de pénitence. Je cause détachée, lointaine, un peu comme ces êtres déconnectés d’une réalité parfaitement intouchable, je n’y pense même plus. Je sais juste que cela existe, que c’est comme être très heureux ou alors très douloureux. Une sensation transformée en corner dans ma tête, une image une supputation. Rien de vrai et palpitant. Je suis à côté, seulement à côté.