poematique expiraTOIre
Bruxelles- gare du Midi/ 28.07
maintenant plus que jamais j'aimerais lire un poème
un poème simple facile, une histoire, quelques lignes dressées sur la table, pique-nique de mots et d'une femme assise.
il y aurait de l'herbe, des lilas ou de ces arbres roses comme des nénuphars sur le miroir du ciel. je serais quelque part là-dessous, les genoux déployés, l'offrande muette d'une peinture sur soie.
maintenant plus que jamais j'aimerais lire un poème, quelques lignes berceuses, la mélodie sans note d'une voix qu'on viendrait glisser dans mon oreille
j'aimerais lire un poème, un vrai qui n'aurait rien des mots ou images
qui dirait bêtement les choses
qui s'épancherait -peut-être un peu trop mais tant mieux-
ce serait du vrai, du pas chiqué, du pas voulu
du rien d'autre qu'une bouche et mon coeur tout autour
maintenant plus que jamais, j'aimerais ouvrir des tableaux, le catalogue des pays intimes
parcourir du doigt la sente de couleurs et pourquoi pas me perdre si c'était bon pour moi
plus que jamais l'éventail des paillettes secoué comme ça pour ébouriffer l'air
éparpiller de l'or
maintenant ce serait bien d'être en promenade, au bord d'un canal, une route chez moi
ou ma main dans ta main histoire de ne dire rien
le mot est bien peu de choses pour s'en aller comme ça
il s'incruste il s'installe, comme cet ado afro qui démarche en boitant entre les sièges en métal bleu du hall.
ses raideurs de guiboles contre ma raideur perso.
incapable de décrisper le voyage
tout est menaces et idioties similaires
j'évalue l'espèce, j'échantillonne, je classe.
je joue en entomologiste les classifications humaines
les pointus les dodus
les visages anguleux les replets
les bouches toutes plus expressives les unes que les autres
ces lèvres sèches ces machins qui pendent les pareilles aux miennes un rien amer sur une idée de se marrer quand même.
les yeux larges amandés fendus clochés vides pleins globuleux incurvés et chaque singe derrière qui refait l'histoire
démarches traînantes fuselées désossées agiles lourdes dansantes les hanches qui jouent au hochet un fox trot antique et parfois très gracieux. forme courante -le cas de le dire?- de séduction.
odeurs partout
c'en est touffu! trop goûteux l'humain!
une saveur âcre insupportable
des relents de repas des transpirations mal nées d' autres trop évoluées comme un fruit en voie de décomposition.
les humains sentent puent parfument émanent
il en sort de partout de la peau aux habits de la gueule aux cheveux et même de la couleur variable de leurs chairs.
et puis les voix
les accents les graillements les flûtages les filages les amoindries les trop tendres, les graves, les faussets
je baisse la tête
je suis parmi ce grand tout et n'ose me définir