Atelier d’écriture du 24 janvier /P. MEUNIER _MEIPLAT
Pourquoi pas ? Je vais à ce rendez-vous avec moi-même. Je me retrouverai enfin dans la lumière de mon être, à l’orée de mon âme qui se dévergonde bien plus que de raison. Il faut vivre. Je coupe les cheveux de mon âme pour le renouveau de mon esprit. J’accepte le bonheur que l’on m’offre, la vitalité que l’on me suggère et l’allégresse que l’on me conseille.
Tout recommencer. Partir de rien mais aussi de tout. Je veux tout mais je n’ai rien. J’aurai ce qui est impossible. Je braverai ces montagnes de douleurs pour me rendre dans les plaines de la joie. Je dois vivre ma vie, sans regret, sans concession et librement. Je n’appartiens qu’à moi-même. J’ai la jouissance de posséder quelqu’un… moi.
Pourquoi pas ? Je vais enfin vivre, je me libère de l’emprise qu’il y a en chacun de moi. Je suis l’unique visage de mon être. Désormais, telle une fleur, je m’ouvre au soleil de la vie.
Marie Rizk
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Je roule, je croule, je tombe, je m’éclate au sol. Les mains emprisonnées sur mon visage, les jambes tordues comme une vieille marionnette usée. Pas un bruit n’éclaire la solitude de mon silence. Seulement le craquement lugubre des larmes qui jaillissent de mes yeux et s’épanouissent autour de moi. Je suis aveugle mais clairvoyante. Je sens la douceur de l’eau salée qui coule le long de ma joue et plonge dans la chaleur réconfortante de ma poitrine nue qui se soulève et s’abaisse, gonfle et dégonfle $$comme si un cœur battait en rythme sous cette peau fine, lisse, rosée, orangée, caramélisée parcourue des affluents d’un fleuve autrefois crépitant. Je vois mes mains, ces étrangères qui ne savent plus où aller, où se réfugier quand l’orage naît et éclairs grandissent ; ce sont les ramures de mon corps, des bourgeons qui n’attendent que le printemps pour éclore, là où le fruit apparaîtra, l’arbre est creusé, abîmé comme les moignons ligneux des cicatrices du passé. Mes mains ne bougent plus, elles patientent, elles attendent le printemps pour que la chaleur éclatante d’un soleil inconnu les réveille. Je perçois cette vie qui s’anime dans mon corps, le mouvement indépendant de chaque petite partie de mon être mais je suis là, dans cet océan troublé et frémissant, l’esprit embrumé par les ravages d’un cœur rouge et appétissant qui se serait dévoré lui-même.
Caroline Delhom